Drones et traditions: Une fusion innovante?

Plus de 100 drones ont aidé à l'observation de la lune croissante pendant le Ramadan et l'Aïd al-Fitr
Les Émirats arabes unis ont une fois de plus mis à profit la technologie moderne au service des traditions religieuses : plus de 100 drones ont été déployés pour observer le croissant de lune marquant le début du Ramadan et de l'Aïd al-Fitr. Bien que l'innovation ait été spectaculaire, les drones n'ont pu détecter le croissant dans aucun cas, soulevant la question : cette technologie apporte-t-elle vraiment une valeur ajoutée par rapport aux méthodes traditionnelles ?
Technologie et tradition religieuse main dans la main
Le calendrier islamique, l'Hégire, est basé sur le cycle lunaire, donc le début et la fin des mois dépendent de l'observation du croissant de lune. Par exemple, le mois de Ramadan peut durer 29 ou 30 jours, selon la date de visibilité de la nouvelle lune. Cette année, le Ramadan a duré 29 jours, puisque le croissant a été aperçu le jour désigné. Si cela n'avait pas été le cas, le mois se serait automatiquement prolongé d'un jour.
L'observation par drone était particulièrement importante le 29e jour du Ramadan, car la célébration de l'Aïd al-Fitr se fondait sur l'observation de la lune après le coucher du soleil ce jour-là. Si le croissant n'avait pas été vu, la fête aurait signifié cinq jours de congé pour beaucoup. Cela montre à quel point l'observation de la lune est significative pour les résidents des Émirats, non seulement d'un point de vue religieux, mais aussi pratique.
Comment fonctionnait l'observation par drone
Avec le soutien du Conseil de la Fatwa des Émirats arabes unis et en coopération avec le Centre astronomique international, les drones ont été survolés autour de la région d'Al Khatim près d'Abu Dhabi. Les drones ont marqué une zone en forme de carré dans le ciel, aidant les observateurs au sol à se concentrer sur le croissant de lune. Un drone spécialement équipé a même fourni des images directes de la lune.
De plus, d'autres observations ont eu lieu à partir d'endroits comme Jebel Jais (le point le plus élevé de Ras Al Khaimah), Jebel Hafeet (le point le plus élevé d'Abu Dhabi), l'Observatoire astronomique d'Al Khatim, et l'Observatoire astronomique de Dubaï. L'Observatoire de Sharjah a également été un participant actif à l'événement. Les images et observations de ces lieux ont été évaluées lors d'une réunion officielle du comité tenue à Qasr Al Hosn.
Que se passe-t-il si le drone ne voit pas le croissant ?
Malgré la présence de technologies modernes, ni avant le Ramadan ni pour l'Aïd le comité n'a été en mesure de détecter avec confiance le croissant avec des drones cette année. Cela a conduit un membre du comité à prévenir qu'il devrait y avoir une réévaluation de la véritable valeur de mobiliser chaque année un tel ensemble d'équipements coûteux et technologiquement complexes. Si l'observation par drone n'est pas plus efficace que les méthodes traditionnelles—comme l'observation à la lunette ou par témoignage—alors le déploiement régulier n'est peut-être pas justifié.
Les méthodes d'observation traditionnelles restent en vigueur
Les Émirats arabes unis continuent d'utiliser la méthode prescrite par le droit islamique basée sur les témoignages visuels. Ceux qui voient le croissant de lune à l'œil nu doivent le signaler au bureau du Ministère de la Justice le plus proche. Quatre déclarations de témoins concordantes sont nécessaires pour que l'observation soit officiellement acceptée. Si les rapports se contredisent, ils sont rejetés.
De plus, le comité des EAU adhère au principe de "l'unification de l'observation de la lune", coordonnant les observations avec les pays géographiquement proches. Dans ce cadre, les Émirats maintiennent des relations avec des pays comme l'Arabie Saoudite, le Qatar, le Koweït et Bahreïn. L'objectif est d'éviter les divergences dans les calendriers de fêtes et de célébrer de manière uniforme au sein du monde islamique.
Résumé
Les Émirats arabes unis offrent un exemple impressionnant de comment les traditions peuvent être fusionnées avec des outils modernes. Le déploiement de plus de 100 drones illustre bien l'effort de soutenir les pratiques religieuses avec la technologie. Cependant, à la lumière des expériences de cette année, des questions importantes se posent : l'observation par drone est-elle plus efficace que les méthodes existantes ? Cela vaut-il l'investissement ?
Bien que la décision reste à prendre, une chose est certaine : les Émirats arabes unis continuent de jouer un rôle pionnier dans la mise de la technologie du 21ème siècle au service des traditions spirituelles—que ce soit depuis les observatoires à Dubaï, Sharjah ou Ras Al Khaimah, ou depuis les airs.